Alors autant le dire, non ? A stigmatiser publiquement « l’embauche à vie », on ajoute aux mauvais clichés qui voudraient faire du quart de la population active française une espèce à part, agrippée à des « privilèges » désuets dans un pays en crise mais de surcroît on désigne le « statut » comme la mère de tous les maux. La réalité est tout autre : le statut n’est pas une invention des fonctionnaires mais de la République. Il n’est pas un obstacle aux évolutions mais une garantie à la fois pour les personnels et les usagers, de la défense des intérêts généraux, d’égalité, de solidarité, et d’effectivité des droits pour tous sur tout le territoire. Il est une boîte à outils formidable pour permettre les nécessaires évolutions de la fonction publique. A condition que l’on utilise les leviers d’une véritable modernité : formation, qualification, reconnaissance de la professionnalité des agents, confiance dans leur engagement.

Quel est ce management qui consiste à rendre les personnels coupables des dysfonctionnements ? Après la réforme des retraites, le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, le gel des salaires mais où est donc l’ambition du gouvernement pour « moderniser » la fonction publique ? Les tenants d’une fonction publique « peau de chagrin » ne résument son financement qu’à des contraintes ou des charges pour le pays. Ils partent d’un postulat : les services publics et la fonction publique manqueraient d’efficacité et seraient trop coûteux.

Le remède est simple : réduction des moyens et suppressions massives d’emplois ; remise en cause du principe statutaire ; conditions d’emploi, de services, de rémunération et de recrutement avec l’objectif d’individualiser le plus possible ; substitution du contrat au statut… Et si ça ne marche pas, c’est de la faute des personnels ! Et même certains ont tranché sur le périmètre de la fonction publique : il faudrait rétrécir celui de la fonction publique d’Etat à l’armée, la police et la justice, à l’exclusion donc d’autres missions. Un non sens face aux enjeux actuels.



UNE ALTERNATIVE SOCIALE ET DÉMOCRATIQUE

Quelle fonction publique, quels services publics veut-on dans ce pays ? La question centrale est de savoir comment construire une société juste et solidaire en mettant en œuvre un autre type de développement, centré sur les besoins des populations et le respect des exigences écologiques. La fonction publique s’est construite dans une adaptation permanente aux besoins sociaux et aux évolutions de la société et il n’y a pas de raison qu’elle cesse de le faire. Car les valeurs et les principes ne sont pas définis ex nihilo, ils sont les produits d’une société à un temps donné définissant le cadre du vivre ensemble. En ce sens, l’idée d’intérêt général est une idée moderne et utile au XXIe siècle. Assurer à tous et partout l’accès à des services de qualité, qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, de l’énergie, des transports, de la culture… Quoi de plus moderne ?

Les agents des services publics sont motivés et dévoués. Ils sont prêts à s’engager et ils ont des idées et des propositions pour mieux répondre aux besoins. Ils attendent qu’on leur fasse confiance et non qu’on organise un système de défiance et de destructuration systématique de leurs métiers ; ils attendent qu’on leur donne les moyens de bien travailler et non qu’on leur donne le signal qu’ils sont des parasites insupportables pour les finances publiques. Ils veulent qu’on les entende et non qu’on leur fasse sempiternellement la leçon. Ils ont besoin de projets ambitieux lisibles dans lesquels ils se reconnaissent.

C’est le pari que prend la Fédération syndicale unitaire (FSU) avec sa campagne « Le service public, on l’aime, on le défend », en posant avec l’ensemble des personnels et des usagers, les termes de ce débat afin que les services publics et la fonction publique correspondent encore mieux, dans leurs missions et dans leurs périmètres, aux évolutions et aux besoins sociaux actuels. C’est bien là que réside un des enjeux essentiels pour une alternative sociale et démocratique.

Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU

Source: fsu12