Alors que Fret SNCF est menacé de liquidation, les associations environnementales et les syndicats s’unissent pour défendre cet outil indispensable à la transition écologique du transport de marchandise dans un clip de lutte revendicative.
« Du fret, du fret, du fret ! » Derrière ces paroles entêtantes se cache un sujet complexe mais central pour l’écologie et le social. On vous explique tout ⤵️
Le fret ferroviaire, qu’est-ce que c’est ?
Le fret correspond au transport de marchandises. Il peut être assuré par différents moyens, comme les camions, les bateaux ou les trains. On parle de fret ferroviaire quand le transport est assuré par le train.
Comparé aux autres modes de transport, le fret ferroviaire est le plus vertueux pour la planète. 1 train fret représente 35 poids lourds. Le rail émet 14 fois moins de CO², entraîne 8 fois moins de pollution d’air et consomme 6 fois moins d’énergie que les transports routiers.
S’il y a un outil essentiel pour aider à la transition écologique du secteur très polluant des transports, c’est bien le train ! Pourtant, le pourcentage de marchandises transportées par le rail en France est le plus faible parmi tous les pays de l’UE comparables (environ 10%).
Alors qu’il faudrait mettre l’argent pour investir et relancer le secteur du fret ferroviaire, le gouvernement fait l’exact inverse.
Pour éviter la déroute écologique et sauver le fret ferroviaire, nous avons lancé une pétition !
Route vs rail : le gouvernement déraille
Depuis plusieurs années, la part de fret ferroviaire dans les transports diminue constamment. En cause ? La politique climaticide et productiviste du gouvernement, qui privilégie les routes au détriment du rail, qu’il estime plus rentables.
Pire ! Plutôt que de renforcer le seul opérateur public de transport ferroviaire territorial capable de répondre aux impératifs de la transition écologique, le gouvernement va plus loin dans sa logique néolibérale et a entamé début 2024 la liquidation de Fret SNCF. La satisfaction des règles européennes de concurrence, prime sur la préservation de l’environnement.
Mais le secteur du fret ferroviaire est vulnérable face à la concurrence, son organisation n’ayant pas la souplesse nécessaire pour encaisser les logiques du marché sans soutien et volonté politique. En ouvrant le secteur à la concurrence en 2005, le gouvernement a désorganisé le système ferroviaire. Depuis, la part des marchandises sur le train n’a cessé de diminuer.
Le même scénario est en train de se reproduire aujourd’hui. Selon nos calculs, la mise à la concurrence de 23 flux (un flux est l’équivalent d’une ligne) depuis début 2024 risque d’entraîner 299 408 à 524 865 poids lourds en plus par an sur les routes.
Les investissements dans le rail sont très faibles. Pourtant, la commission des finances de l’Assemblée nationale avait voté 1,5 milliards d’euros supplémentaires alloués au fret ferroviaire pour le Budget 2024. Mais le gouvernement a bloqué cette proposition d’ampleur écologique en utilisant l’article 49-3. Au contraire, ceux des routes sont disproportionnellement élevés. En effet, le budget français pour la construction de 55 routes a été estimé à 18 milliards d’euros par Reporterre et le budget européen pour les routes est 2 fois plus gros que celui des rails selon Greenpeace. Les projets de route sont opaques, nuisent à la santé des populations locales et ont été pour la plupart pensés au siècle dernier. Cet argent public pourrait servir à financer le ferroviaire, dont les infrastructures existent déjà et qui répondrait à l’urgence écologique.
Pour le climat et pour l’emploi, sauvons le rail !
Alors qu’il y a urgence à réduire les gaz à effet de serre, le fret ferroviaire est plus qu’une simple option parmi d’autres, il est tout simplement incontournable pour le transport de marchandise. Il faut rompre avec la logique actuelle qui donne une part toujours plus croissante et de plus en plus monopolistique au fret routier.
A l’appel des travailleurs et travailleuses du rail, nos organisations demandent plusieurs mesures indispensables pour assurer l’avenir du rail :
– Créer un service public unifié et cohérent du transport ferroviaire et routier des marchandises ;
– Prélever 1 milliard d’euros par an sur les profits réalisés sur les sociétés d’autoroutes pour les investir dans le développement des infrastructures ferroviaires fret ;
– Fixer une écotaxe pour les poids lourds en transit qui refuseraient la solution du report modal, destinée à alimenter un fonds national d’investissement à destination de projets de fret ferroviaire et maritime ;
– Interdire les nouvelles constructions de zones logistiques si celles-ci ne sont pas embranchées au réseau ferré.