Nous avons été alerté.es par la diffusion d’un tract dans le centre-ville de Rodez

Alors qu’elle figure dans le code de l’éducation depuis 2001, l’Education à la Vie Affective, Relationnelle et à la Sexualité (EVARS) provoque toujours autant d’offensives à son encontre. Un peu partout en France, de nombreux tracts remettant en cause cet enseignement ont été récemment distribués aux abords des écoles, sur les marchés, devant les rectorats.

L’Aveyron n’est pas épargné.

Pourtant, l’EVRAS est un levier essentiel pour favoriser la connaissance et  l’estime de soi, les relations saines et faire reculer les violences sexistes et sexuelles comme les discriminations de genre.

La FSU a interpellé à plusieurs reprise le ministère sur cette désinformation et ces attaques. Elle a porté la nécessité de contrer cette désinformation et d’apporter un  soutien effectif aux personnels lorsqu’elles ou qu’ils sont remis en cause. Le programme d’éducation à la sexualité, réel point d’appui pour la mise en œuvre de l’EVARS, doit être publié au plus vite.

Des attaques récurrentes

Depuis le printemps 2023 se développent un peu partout des campagnes calomnieuses de la part de groupes, d’associations, de collectifs de parents d’élèves, proches de la sphère catholique réactionnaire, de l’extrême-droite ou encore de groupes complotistes, au sujet de l’Éducation à la Vie Affective Relationnelle et Sexuelle (EVARS) : Parents Vigilants, SOS Education, Mamans Louves, Parents en colère, le Syndicat de la famille… Ces campagnes françaises font écho à la désinformation et aux violences qu’ont connues les écoles belges l’année dernière.

En cette rentrée, de nouveau, dans de nombreux départements des offensives sont apparues sous diverses formes : tracts, mails, courriers de mise en demeure, affichage, publications sur les réseaux sociaux …mais aussi sur certains plateaux de télévision. Leur crédo ? Dénoncer l’EVARS, qu’ils et elles assimilent à un apprentissage de la masturbation et à des encouragements à la pornographie voire à la pédocriminalité. De facto, ce sont aussi l’égalité filles/garçons et les apprentissages liés à la construction du genre qui sont visés. Bien que remplis de mensonges éhontés, ces documents visent à faire pression sur les enseignantes et enseignants pour que ne soit pas mise en œuvre les séances d’EVARS.

En 2014 déjà, le dispositif “ABCD de l’égalité” visant à lutter contre les stéréotypes et inégalités entre filles et garçons, avait suscité de violentes offensives contre l’école publique. A la suite de rumeurs assurant que la masturbation serait enseignée en classe, cédant à la pression des groupes religieux ou politiques les plus réactionnaires qu’on retrouvait alors souvent dans la “Manif pour tous”, le gouvernement avait enterré le projet.

Un outil indispensable

L’éducation à la sexualité est pourtant inscrite dans le Code de l’éducation (articles L. 121-1 et L. 312-16) depuis la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001. L’article L. 312-16 prévoit en effet : « Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène. Ces séances présentent une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes. Elles contribuent à l’apprentissage du respect dû au corps humain… ».

Dans son rapport de septembre 2024, le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) constate que moins de 15 % des enfants bénéficient des trois séances d’éducation à la sexualité prévues par la loi de 2001 et que les enfants sont, par exemple, souvent laissé·es seul·es face aux risques liés à l’exposition à la pornographie. Il confirme le rôle joué par l’EVARS en tant que vecteur d’égalité et de lutte contre les discriminations et rappelle également l’importance non seulement d’une éducation à la sexualité, mais aussi d’une éducation affective et relationnelle.

Une mise en œuvre urgente

Suite à une saisine ministérielle de juin 2023, un projet de programme d’éducation à la sexualité a été publié par le Conseil Supérieur des Programmes. Ce projet constitue une réelle avancée par rapport à la faiblesse des ressources existantes et devait être effectif dans les classes dès la rentrée 2024. Avec la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, le programme définitif n’est toujours pas publié.

Au vu des enjeux, il y a urgence à ce que le ministère publie ces programmes, mette en place une politique ambitieuse de formation pour accompagner les personnels dans la mise en œuvre effective des trois séances pour toutes les classes à chaque niveau de la scolarité.

La FSU  s’est adressée à la ministre lors de sa première entrevue en lui demandant de publier au plus vite les programmes, de protéger les personnels qui pourraient subir des pressions ou des menaces, mais aussi d’informer les familles sur ce qu’est véritablement l’EVARS.

 

 

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