Le risque d’attentat terroriste s’installe. Analyser son origine, ses causes endogènes et exogènes n’est pas une perte de temps et encore moins une façon de justifier ces actes quoiqu’en dise monsieur Valls. C’est au contraire une impérieuse nécessité. Les réponses de la société ne peuvent se placer sur le seul terrain sécuritaire.

Bien évidemment l’école est impactée par la marche du monde et l’état social. Pour la FSU12, il ne s’agit donc pas d’être dans une forme de déni. Pour autant, les enseignant-e-s ne peuvent régler tous les problèmes. En cette rentrée, la communication ministérielle aura beaucoup trop donné l’impression que l’école devrait être le couteau suisse de la République et devrait traiter ce que le politique ne résout pas : comme s’il suffisait de traiter la question du chômage par la seule formation, la question de la citoyenneté et de la laïcité par la simple nouveauté de l’EMC, la sécurité face au risque terroriste par l’élaboration de PPMS spécifiques.

La FSU considère que ce travail doit d’abord s’effectuer au niveau des adultes présents dans les écoles. C’est d’abord de la formation, du temps pour s’approprier collectivement les documents envoyés par le ministère et surtout leur mise en œuvre locale. Par exemple, tous les collègues, directeurs compris, ne sont pas dans leur école depuis des années. Partager la connaissance de l’école et son environnement prend du temps.

Ce n’est que dans la raison et la sérénité que certaines mesures trouveront une certaine pertinence, et les effets de communication ainsi que ceux d’ écho disproportionné dans les médias (on pense par exemple au titre du Monde « l’école en première ligne face à la menace terroriste ») ne font que développer un climat anxiogène propice à de nombreuses dérives improductives, quand ce n’est pas socialement délétère.

La résolution de ce qui relève d’un phénomène social complexe n’est pas sans lien avec la carte scolaire…

Dans cette période de crise économique et sociale et de montée des inégalités, l’Ecole avec ses enseignant-es constituent un rempart incontournable à la relégation des plus fragilisé-es et à la montée de tous les obscurantismes. Plus que jamais notre pays a besoin d’école.

Mais les chiffres sont là, il n’y a pas suffisamment d’enseignant-es dans notre académie, dans notre département. La dotation ne couvre pas les besoins.

Dans le premier degré, le SNUipp FSU conteste le positionnement de madame le recteur qui, jusqu’à présent refuse d’élargir le recours à la liste complémentaire du concours. Nous demandons qu’en urgence, toutes les voies permettant de recruter des collègues soient utilisées : recours à la Liste Complémentaire ou INEAT.

4 ans après la proclamation de la priorité donnée à l’école primaire, la situation en cette rentrée en Aveyron reste marquée par de nombreuses situations insatisfaisantes quand ce ne sont pas des tensions à l’image de la situation nationale ! Du point de vue des moyens donnés à l’école, c’est une politique qui manque d’ambition, qui n’a fait qu’accompagner les courbes démographiques sans transformer l’école.

Cet accompagnement des courbes démographiques n’est-il encore qu’approximatif et pas à la hauteur des besoins qui permettraient d’améliorer significativement les conditions de travail comme en témoignent les données du second degré : au niveau national, à la rentrée 2015, ce sont plus de 52000 élèves qui ont augmenté les effectifs, au lieu des 40000 prévus au moment de la préparation de rentrée, nombre de divisions de Seconde de plus de 35 élèves a augmenté passant de 5,9 % à 7,6% des divisions. Dans notre académie, de 2012 et à 2015, par exemple, sur le niveau seconde, la proportion de classe ayant des effectifs supérieurs ou égaux à 30 a augmenté de 2 points, avec 86,1% des classes, tandis que la proportion du nombre de classes ayant des effectifs supérieurs à 35 prenait 3 points (37,4% des classes étant concernées).

Certes le ministère de l’Éducation nationale a continué à être préservé en termes d’emplois et de crédits ; mais l’engagement de la création de 60 000 postes pour les enseignements scolaires, agricole et supérieur ne sera pas atteint.

A cela s’ajoute la crise persistante du recrutement : cette année, ce sont près de 20 % de postes qui ont été perdus (soit plus de 2600 postes). Les insuffisances de recrutement sur plu- sieurs années, cumulées à l’augmentation des effectifs élèves, entrainent des conditions de rentrée difficiles et inquiétantes quant aux capacités de remplacement, en particulier dans certaines disciplines.

La réponse à cette crise du recrutement ne peut-être qu’une véritable revalorisation et une amélioration concrète des conditions de travail afin de redonner de l’attractivité au métier.

Et ce n’est pas la réforme des collèges, tant décriée et majoritairement contestée, quoi qu’en dise la ministre, qui sera le fer de lance de cette attractivité avec ses dispositifs déstructurants, aux cadrages approximatifs.

La réforme des collèges, c’est notamment :

• 4 niveaux de cours à préparer pour cette année ;


• une diminution des horaires disciplinaires
qui représente, sur l’ensemble des 4 niveaux, 2/3 d’une année scolaire ;


• de l’accompagnement personnalisé qui ne sera que très rarement personnalisé et des EPI qui ne répondent pas aux besoins des élèves et portent une vision utilitariste et caricaturale des savoirs scolaires.

A propos des EPI, on ne peut manquer de rappeler comment la question de l’interdisciplinarité peut être considéré : « D’abord, si elle est légitime, l’interdisciplinarité doit s’appuyer, tôt ou tard, sur des connaissances solides et réelles dans chacun des domaines considérés. Et plus particulièrement, dans les disciplines de base. Associer dans un même cours littérature, histoire et économie risque d’être pour le moins hasardeux si l’on ne maîtrise pas au moins les fondements de la langue. Comment acquérir ces fondements ? Et surtout, à quel moment ? C’est toute la question. Jusqu’à présent, l’interdisciplinarité intervient assez tard dans les cursus d’enseignement supérieur. Dans le secondaire, elle doit sans aucun doute être maniée avec prudence. Mal maîtrisée, la démarche tourne soit au gadget, soit au grand n’importe quoi, comme cela semble être le cas dans un certain nombre d’exemples qui ont été relevés par la presse ces derniers mois à propos des EPI dans les collèges ; […] C’est justement là où le bât blesse. Car la rue de Grenelle opte au contraire pour une démarche « à la hussarde », imposant la réforme à plusieurs classes en même temps, là où on aurait attendu une approche progressive. Plus encore, la ministre de l’éducation nationale adopte souvent un ton hautain et ironique, assénant ses certitudes et balayant par avance toute contestation ». Ces propos ne sont pas syndicaux mais ceux d’un journaliste indépendant publiant dans Le Monde.

Ajoutons enfin à cela, un accompagnement pédagogique qui aura été assez pauvre, une dotation aux manuels de 54,30 € par élève qui ne suffira pas, et on comprendra qu’au-delà de tous les discours hypocritement optimistes ou volontairement naïfs, l’année ne s’annonce pas sous le signe de l’épanouissement pédagogique.

Pour la FSU, l’éducation reste un enjeu crucial : à ce titre, elle nécessite des moyens ambitieux et des analyses sérieuses loin des raccourcis de la communication vide. Nous en sommes pour le moment loin, et nous le déplorons en cette nouvelle rentrée.

Source: fsu12