Déclaration FSU au CDEN du 28 novembre 2014

Nous aurions espéré pouvoir dire autre chose en cette rentrée que ce que nous avons pu dire à l’occasion d’autres rentrées : mais, nous devons une nouvelle fois faire le constat de conditions de travail pour les personnels et d’enseignement pour les élèves, qui ne sont pas améliorées quand elles ne sont pas parfois dégradées.

Oui, au niveau national, il y a eu des créations de poste. Non, elles ne suffisent pas puisque ces créations auront été absorbées par le rétablissement d’une formation initiale et par la hausse démographique. Et non, ces créations de postes n’auront pas résorbé le déficit accumulé de 2007 à 2012.

Ainsi, dans le premier degré, les moyens manquent pour améliorer de façon significative les conditions d’enseignement de certaines classes, pour honorer l’ambition affichée du « Plus de maîtres que de classes », pour scolariser les enfants de 2 ans, pour réimplanter des postes de RASED, pour assurer avec efficacité tous les remplacements.

Le constat des effectifs du premier degré en cette rentrée fait par ailleurs apparaître dans le public une baisse significative des effectifs scolarisés en école maternelle (- 167 soit 2,4 % de ces effectifs) quand le privé ne connaît pas une baisse aussi marquée (-9 soit seulement – 0,5 % de ces effectifs). Comment ne pas voir une conséquence de la généralisation de la réforme des rythmes dont l’enseignement privé est dispensé ? La FSU dénonce une nouvelle fois cette réforme qui génère des inégalités entre élèves et territoires, qui aggrave les conditions d’enseignement pour les élèves, qui aggrave les conditions de travail pour les personnels, et qui remet l’école privée dans une dynamique positive. De fait, elle organise une concurrence déloyale entre école publique et école privée au détriment de l’école publique, en accordant des fonds publics à des écoles qui ne sont pas soumises à l’obligation de mettre en œuvre la réforme.

Dans le second degré, le constat sur les moyens est le même que pour le premier degré : l’embellie tant attendue – et nécessaire ! – ne sera pas non plus pour cette rentrée scolaire.

La situation reste plus particulièrement tendue dans les lycées généraux et technologiques, du fait d’une réforme que nous dénonçons depuis sa mise en place : cette réforme des lycées dite « réforme Châtel », parce qu’elle prévoit un nombre d’heures conséquent non affectées aux disciplines, pose en effet plus de problèmes qu’elle n’apporte de réponse satisfaisante en terme d’efficacité pédagogique. Il faut d’ailleurs souligner que les chiffres des effectifs par classe, quand ils sont mis en avant, peuvent être parfois trompeurs puisque des effectifs à 24, qui pourraient paraître satisfaisants, correspondent en réalité à des divisions qui n’ont pas été dotées des heures pour effectifs réduits. La donnée du H/E (ratio du nombre d’heures par élève) est plus significative et celle-ci confirme qu’au-delà de tous les effets d’annonces les conditions de travail ne s’améliorent pas significativement.

A ce constat, il faut ajouter, cette année, pour le second degré, celui d’une rentrée grandement désorganisée : de nombreux problèmes d’affectation des nouveaux enseignants se sont posés depuis le début de l’été et, aussi bien au niveau ministériel qu’académique, la complexité et la diversité des situations des nouveaux collègues recrutés a conduit à une véritable cacophonie dans les opérations d’affectation sur postes, faisant de cette rentrée la plus difficile depuis plusieurs années.

Au niveau national, 200 stagiaires auront du interrompre leur formation et changer d’université car ils n’étaient pas affectés dans la bonne académie. Au niveau académique, les délais trop serrés que le ministère a imposé ont conduit à de nombreuses affectations qui ne prennaient pas en considération les situations personnelles et familiales des stagiaires, parfois forcés de déménager, de trouver un second logement ou de parcourir de grandes distances plusieurs fois par semaine. Le SNES-FSU a dû intervenir pour des dizaines de stagiaires qui n’ont connu que très tardivement leur affectation. Par contrecoup de ces affectations tardives, les établissements ont du s’adapter au dernier moment, dans l’improvisation, et les collègues remplaçants n’ont reçu que très tard leur affectation.

Dans certains établissements, cela s’est traduit par des problèmes organisationnels importants. La communication tardive des services d’enseignement (c’est-à-dire des classes attribuées aux enseignants) n’a pas toujours permis à ceux-ci de préparer sereinement la rentrée (des enseignants ont par exemple pu découvrir qu’ils n’avaient pas les classes qui étaient initialement prévues, et qu’ils avaient dès lors préparés des cours pour rien pendant les vacances d’été ; d’autres ont évidemment, à l’inverse et par voie de conséquence, appris qu’ils avaient des niveaux d’enseignements ou des séries qu’ils n’avaient pas prévus non plus, et qu’ils avaient donc des cours à préparer en toute urgence). A cela, il faut ajouter les difficultés de constructions d’emploi du temps liées aux changements de jour de formation pour les stagiaires par rapport à ce qui avait été annoncé par le rectorat avant les vacances, ou des modifications imposées par le recrutement de contractuels (les emplois du temps des personnels titulaires étant modifiés au dernier pour permettre ce recrutement). Enfin, il faut dénoncer quelques « bricolages » impromptus et bien mal venus, « bricolages » liés aux contraintes de dotation horaire insuffisante en heures postes qui ont conduit à quelques situations tout simplement scandaleuses (un enseignant pouvant découvrir ainsi la veille de la rentrée que le poste obtenu dans le cadre du mouvement intra-académique était devenu un poste partagé avec un complément de service non réglementaire).

La Rectrice et les services du rectorat, ont évidemment été interpelés par la FSU sur ces dysfonctionnements généraux et locaux. Il est important que le Comité départemental soit aussi informé de ces réalités.

Ce n’est évidemment pas une lubie des enseignants que de dénoncer de façon récurrente les moyens insuffisants, certaines réformes, et les dysfonctionnements qui s’ensuivent : c’est tout simplement la conséquence d’une conscience professionnelle et d’une expérience qui conduit ces enseignants à mesurer avec lucidité ce qui fait que les conditions d’apprentissages des élèves se sont dégradées au fil des années avec la dégradation de leurs conditions de travail. Pour la FSU, l’Ecole doit être pensée comme le fondement d’une société tournée vers l’épanouissement, l’émancipation et la réussite de tous. Cette ambition ne peut que s’appuyer sur des personnels respectés et revalorisés ; elle ne peut passer que par des moyens à la mesure des enjeux citoyens et socio-économiques de l’Ecole républicaine.

Source: fsu12