Déclaration de la FSU au CDEN du 9 avril 2013

Si la FSU a pu accueillir positivement les annonces ministérielles sur l’arrêt des suppressions de postes et la création d’emplois dans l’Education Nationale, elle ne peut dans le même temps que rappeler solennellement que la légère hausse des moyens supplémentaires attribués pour la prochaine rentrée est loin d’apporter une amélioration notable et globale de la situation dans les établissements où elle est difficile.

Il faut ainsi mettre en regard les 8781 créations dans l’Education au niveau national avec les 55141 suppressions cumulées depuis 2008 : la FSU, en phase avec les personnels qu’elle représente, ne peut que rappeler le chemin qu’il reste à parcourir pour améliorer une situation qui s’est gravement détériorée depuis plusieurs années.

Ce constat fait, comment s’étonner si la France régresse dans des classements internationaux, qui, s’ils reposent parfois sur des critères discutables, restent néanmoins un indicateur parmi d’autres ? Comment s’étonner que ce sont les élèves les plus fragiles qui voient leurs difficultés s’aggraver ?

Dans le second degré, le H/E (heures/élèves : rapport de la dotation horaire par le nombre d’élèves) s’étant dégradé au fur et à mesure des années, les moyens accordés cette année vont certes permettre de redonner un peu d’air à certains établissements, en collège notamment : mais il manque dans l’académie environ 200 ETP (emplois) pour retrouver le taux d’encadrement de 2010 et il faudrait doubler ces créations de postes pour retrouver l’encadrement de 2007.

Voilà des chiffres qui sont éloquents et qui disent clairement comment le second degré a été mis à mal ces dernières années.

Aujourd’hui, la priorité à l’éducation a été posée. Mais les changements annoncés, et la préparation de la rentrée 2013, ne sont pour le moment pas à la hauteur de cette priorité nationale.

Au niveau départemental, en 2010, le H/E était respectivement de 1,332 et 1,666 en collège et LGT en 2010 ; malgré une légère amélioration, il n’est aujourd’hui respectivement qu’à 1,291 et 1,610 (chiffres des dotations départementales présentés en CTA)

Lors du CTSD sur la préparation de la rentrée dans le second degré, les organisations syndicales avaient été amenées initialement à se prononcer sur un solde nul en terme de postes dans le second degré. Depuis ce CTSD, la situation a un peu changé puisque la Direction départementale de l’Education nationale a décidé de créer des postes : en terme de communication, c’est évidemment un signe positif, une sorte de message optimiste, mais sans aller jusqu’à parler de tour de passe passe, il ne faut tout de même pas perdre de vue la réalité et prendre le soin de souligner que ces créations ne sont pas le fruit d’une dotation nouvelle où les moyens auraient été significativement et miraculeusement augmentés. Non, la dotation reste la même… Et elle reste insuffisante aux yeux des enseignants pour assurer les conditions d’enseignement les plus adéquates à la réussite des élèves

Cette dotation se compose ainsi toujours d’un taux d’heures supplémentaires trop important et, par voie de conséquence, d’un nombre d’heures poste insuffisant. Ainsi, le taux de HSA était respectivement de 6,5 %, 8,1%, 9,8% en collège, LGT, et en LP en 2010 ; aujourd’hui ils sont de 7%, 9,2%, et 8,8%. Le nombre d’HSA reste supérieur à ce que peuvent absorber les enseignants et les taux évoqués ne relèvent donc pas d’une logique d’ajustement mais d’une logique de financement de besoins pérennes. Alors, réaffirmons-le, au cas où certains auraient des doutes : un établissement peut fonctionner sans aucun problème avec moins d’heures supplémentaires ; il fonctionne même mieux, de manière plus souple, parce qu’un taux limité d’heures supplémentaires permet d’éviter aux chefs d’établissement et aux services départementaux de l’éducation nationale de trop grandes contorsions dans la construction des services et des postes.

Ces taux trop importants de HSA conduisent régulièrement à des tentatives pour imposer ces HSA au-delà de celle obligatoire ; pour les personnels, c’est aussi une surcharge de travail ; ce sont, avec la multiplication des compléments de services et des BMP, des collègues qui perdent dans des déplacements une énergie qu’ils préfèreraient consacrer à leurs élèves ; ce sont des équipes pédagogiques manquant de stabilité.

Au final, ce qu’il faut d’abord mettre en relief, c’est, qu’à la rentrée 2013, les conditions de travail des personnels n’auront malheureusement pas fondamentalement changé :
- des classes aux effectifs souvent lourds, trop lourds pour un travail efficace auprès de tous les élèves, trop pour le développement d’une pédagogie enrichie que chacun appelle de ses vœux ;

- des remplacements mal ou non assurés ;
- des heures supplémentaires imposées ;
- des désordres pédagogiques nombreux en raison de réformes dont les personnels demandent la remise à plat, quand ce n’est pas le retrait.

Ce qu’il nous faut par ailleurs redire, et ce que nous avons déjà dit à plusieurs reprises, ici, ou dans la rue : il n’y aura pas de véritable refondation sans reconnaissance et revalorisation des personnels et des métiers.


Il n’y aura pas de véritable refondation non plus, sans une véritable concertation avec les personnels dont la voix et l’expérience, pour ne pas dire l’expertise, doivent être entendue, parce qu’il y a toujours du bon à réellement prendre en considération le point de vue de ceux qui sont au cœur de la pratique.

La réforme des rythmes scolaires est d’ailleurs emblématique d’une refondation qui ne réussit pas à convaincre la profession, et pour des raisons de fond, et pour des raisons de forme.

Si tout le monde juge nécessaire une réforme des rythmes scolaires, les pourcentages affichés en Aveyron et pire au plan national de passage dès 2013 indiquent clairement que la méthode employée n’était pas la bonne. De l’absence de concertation jusqu’à la concertation réellement loyale avec toutes les catégories concernées, en passant par les pressions, la fausse concertation, et le sempiternel appel à l’intérêt de l’enfant censé clore toute velléité de débat, toute exigence de clarté, nous avons eu droit à un éventail très exhaustif du volontarisme.

Dès maintenant, il faut tirer les conséquences de ce premier bilan afin de préparer 2014. La prise en considérations des conditions de travail des enseignants, les questions du financement des activités éducatives, de leur gratuité, du recrutement et de la qualification des animateurs restent entièrement posées.

Il faudra apporter des réponses aux enseignants. Leur avis doit être pris en compte dans les projets qui doivent se discuter. De réelles concertations doivent se mettre en place. Il faut aussi donner des garanties aux collectivités locales qui ne peuvent, à elles-seules, supporter le coût de la réforme sur le long terme. A défaut, les nouveaux temps éducatifs promis aux enfants par le ministre pourraient bien se transformer en garderie et creuser ainsi des inégalités déjà trop lourdes en matière d’offre éducative.

Pour la FSU, il faut revoir et assurer les financements pour 2014 et au-delà, revoir totalement le décret sur l’aménagement du temps afin de permettre à des organisations construites localement de voir le jour.

Enfin, le suivi de la réforme ne peut se cantonner à des contingences organisationnelles. Il faut engager un travail sérieux et approfondi de suivi des élèves concernés par la réforme dès 2013. Le SNUipp demande la mise en place de recherches indépendantes pour évaluer ses effets sur le bien-être et les apprentissages des élèves sans oublier les impacts sur les conditions de travail des personnels.

Les attentes de la communauté éducative étaient fortes hier. Elles le restent aujourd’hui. Mais après de trop longues années de dénigrement, de démantèlement, de déstructuration, les équipes pédagogiques, qui n’ont jamais baissé les bras dans l’adversité, attendent des ruptures significatives avec les logiques antérieures. En quelques mois, comme l’ont montré les réactions autour du projet de réforme sur les rythmes scolaires dans le premier degré ou la préparation de la rentrée 2013 dans le second degré, le Ministre de l’Education nationale a réussi le tour de force de transformer une grande espérance en une désillusion : disons-le clairement, personne ne peut se satisfaire de cette situation.

La FSU l’a redit récemment : « la refondation ? Chiche ! » Mais pour cela il faudra immanquablement que le Ministre entende les analyses et les revendications de la communauté enseignante que porte la FSU, Fédération majoritaire de l’Education Nationale

Source: fsu12