Monsieur le Préfet, Monsieur le Directeur académique, Mesdames et Messieurs les élu-e-s, Mesdames et Messieurs les membres du CDEN, en cette rentrée, la FSU souhaite faire entendre, par sa prise de parole, l’urgence de la revalorisation du métier enseignant.

En effet, les discours ministériels visant à positiver – envers et contre tout… – ne peuvent faire oublier que la crise du recrutement demeure, et que c’est un symptôme qui n’a rien d’anodin : il y a urgence à redonner de l’attractivité au métier d’enseignant, et cela ne passe pas par de simples effets de communication mais bien par la réalité de mesures générales de revalorisation, d’amélioration des conditions de formation et d’exercice du métier.

Plus de 11 000 créations par an sur 2016 et 2017 seront nécessaires pour atteindre les 54 000 postes supplémentaires promis avant la fin du quinquennat. Or les orientations budgétaires de juillet dernier font état d’un projet de 8 561 emplois nouveaux… ce qui est très peu au regard de cet engagement mais aussi, des évolutions d’effectifs et des dernières annonces ministérielles qui chiffrent à 4 000 emplois le coût de la réforme du collège.

Encore faudrait-il que, dans ce contexte budgétaire, tous les postes ouverts au concours soient réellement pourvus : avec 23 % de postes non pourvus, par exemple, sur la session 2015 des concours du second degré, on peut douter de la capacité à honorer l’engagement.

Est-ce surprenant ? Non : car quand le salaire moyen d’un enseignant est inférieur de 30 % à celui d’un cadre de la fonction publique et de 38 % à celui d’un cadre du secteur privé, quand un enseignant du second degré perçoit 92% de la rémunération moyenne des autres métiers tertiaires de niveau de qualification comparable, il, faut avoir une motivation tout particulière pour vouloir exercer un métier dont on voit les conditions d’exercice se dégrader.

Car c’est une évidence : un trop grand nombre de personnels d’éducation sont placés aujourd’hui dans des conditions de travail dégradées : dégradées par un nombre souvent trop important d’élèves par classe, dégradées par une accumulation de prescriptions, dégradées par une pression croissante liée à la multiplication des prescriptions hiérarchiques, dégradées par des réformes aux effets néfastes et qui ne répondent aucunement à leurs attentes ni à l’intérêt des élèves.

En collège, ils se voient ainsi méprisés par un ministère qui fait passer en force une réforme qui n’apportera aucune amélioration sérieuse mais mettra en concurrence des personnels, des disciplines et des établissements, induira des inégalités accrues entre les élèves et une nouvelle aggravation des conditions de travail des personnels.

Au lycée, ils sont contraints à devoir continuer de gérer les conséquences des réformes Châtel non remises en cause et dont les axes inspirent la réforme du collège.

Et dans le primaire, pour revenir à l’objet plus spécifique de ce CDEN, faute de moyens, on voit progressivement être remis en cause un modèle qui a fait ses preuves.

La presse locale se fait régulièrement l’écho de notre statut de bon élève, régulièrement bien placé sur le podium national… Vous-mêmes, Monsieur le directeur académique, louez notre réussite : « Il y a dans ce département une dynamique sociale forte, le travail est une valeur et cela se ressent dans l’engagement des élèves. Et puis le département présente le taux de chômage le plus bas de l’académie. Et enfin, il faut insister sur le fort investissement des équipes pédagogiques. L’accompagnement des élèves est important, c’est un objectif très partagé, il faut y rendre hommage. » Ce sont les propos rapportés dans la presse, et nous pouvons y souscrire, puisqu’ils reflètent la réalité du système aveyronnais et de ces résultats.

La qualité de l’accompagnement ? Nous nous faisons fort de continuer de la mettre en œuvre… Mais alors, pourquoi vouloir changer les ingrédients d’une recette qui nous mène chaque année à la réussite ? Pourquoi ne plus inscrire et comptabiliser tous les enfants de moins de trois ans dont les familles le souhaitent puisque la scolarisation précoce permet aux petits aveyronnais de devenir élèves mieux et plus tôt ? Pourquoi diminuer le nombre d’enseignants et augmenter les effectifs dans les classes puisque ceux-ci, un peu moins chargés qu’ailleurs, permettent aux élèves ces bons résultats grâce justement à un meilleur accompagnement ? Pourquoi vouloir diminuer le nombre d’écoles du département en faisant faire de la route aux élèves alors que c’est aussi la proximité du service public d’éducation qui permet ces résultats ?

La recette aveyronnaise, au lieu de faire école, fait les frais de ces temps de vache maigre et nous risquons bien avec la perte, année après année, de postes supplémentaires, de nous rendre compte que nous avons gâché le gâteau.

La FSU souhaite réaffirmer ici, aujourd’hui, que la revalorisation du métier passe par la fin de l’austérité salariale, et même par l’ambition salariale qu’exige la reconnaissance d’une profession qui construit l’avenir. Mais la FSU, en rappelant quelques éléments de vécu du corps enseignant, veut insister avec force sur l’idée que cette revalorisation passe aussi par des conditions de travail qui permettent tant l’épanouissement des élèves que leurs professeurs. Et malheureusement, ce que constatent globalement les enseignants, à tous les niveaux, sur le terrain, est bien éloigné de ces attentes tout à fait légitimes.

Source: fsu12