Dans cette période de crise économique et sociale et de montée des inégalités, l’école avec ses enseignant-es constituent un rempart incontournable à la relégation des plus fragilisé-es et à la montée de tous les obscurantismes. Plus que jamais notre pays a besoin d’école.

Depuis les tragiques événements de janvier, l’École a été placée au centre des débats et a été interrogée dans son rôle et sa responsabilité sociale.

Les personnels de l’Éducation nationale savent que l’enjeu actuel n’est pas simplement d’énoncer les valeurs républicaines, de les faire résonner, de rester dans le symbolique mais bien de les faire vivre au quotidien ; dans l’École et en dehors de l’École.

Ils savent aussi que c’est pour eux une mission devenue plus difficile, pour ne pas dire un travail empêché.

C’est une mission devenu difficile, d’abord, parce que l’Ecole se trouve confrontée à une société où les valeurs qu’elle promeut sont souvent mises à mal : quand l’École fait la promotion de l’égalité et de la fraternité, le monde économique confronte trop souvent à l’individualisme, à la discrimination à l’embauche, à la différence de salaire homme/femme, à la sous-représentation des femmes dans les conseils d’administration ; quand l’École fait la promotion de l’égalité et de la fraternité, des individus vivent l’exclusion concrète dans des quartiers marginalisés et le sentiment de relégation rend précaire le sentiment d’appropriation des valeurs républicaines. C’est une tâche peu aisée que de transmettre des principes dont les élèves ne retrouvent toujours pas l’application dans la vie sociale.

C’est un travail empêché, ensuite, parce que les conditions de travail, et avec elles, de construction et de transmission de ces valeurs se sont indéniablement dégradées : les suppressions de postes dans l’Éducation nationale ont conduit globalement à ce que les effectifs pris en charge par les enseignants, par les vies scolaires, par les conseillers d’orientation psychologues, par les assistants sociaux, les infirmiers et les médecins scolaires, par les personnels techniques et administratifs, soient plus importants, et que le travail auprès des élèves soit ainsi dégradé. Le vivre ensemble se construit sur une proximité relationnelle ; celle-ci se perd de plus en plus. Le vivre ensemble demande du temps ; les agents, soumis à l’augmentation de leur charge de travail, l’ont, de fait, moins ; le vivre ensemble demande de l’énergie ; les personnels, en manque de reconnaissance, salariale notamment, ne sont plus toujours prêts à fournir cette énergie au seul prétexte d’une « vocation ». Les partenaires possibles de l’École, les associations porteuses de citoyenneté, de lien social et de coopération, vont d’ailleurs malheureusement eux-mêmes être soumis, du fait de la baisse des dotations aux collectivités, à ces difficultés et elles ont déjà averti sur le désastre social qui, je cite, « attend la France au bout de cette course à l’austérité ».

La question des moyens n’a rien d’anecdotique.

Et aujourd’hui la priorité au primaire ne se traduit pas dans les écoles. Et ce n’est pas la très médiatisée réforme des nouveaux rythmes scolaires qui peut constituer une réponse à la difficulté scolaire. Celle-ci ne fait qu’accentuer la dégradation des conditions de travail des enseignant-es et renforcer les inégalités territoriales. Quand elle ne génère pas des conflits entre enseignants, élus et parents.

Les effectifs des écoles publiques font aussi les frais de cette réforme qui ne s’applique pas à l’enseignement privé.

Avec des effectifs parmi les plus chargés d’Europe, une formation continue exsangue, une charge de travail toujours en augmentation, des conditions d’enseignements dégradées, une revalorisation salariale en panne et maintenant un recours aux contractuel-les, en lieu et place d’enseignant-es titulaires et formés pour pallier au manque d’attractivité de nos métiers : il y a saturation.

Dans le premier degré, avec seulement 2 511 créations d’emplois programmées pour la prochaine rentrée, l’école manque de postes. Le budget est nettement insuffisant. Deux mesures actées pour la rentrée 2015, l’amélioration du régime des décharges pour la direction d’école et les demi-journées d’allègement de service en REP+, vont déjà consommer 1 650 postes. Il ne restera donc plus que 861 emplois pour accueillir les 23 400 élèves supplémentaires attendus à la rentrée 2015, soit un emploi enseignant pour 27 élèves. Le nombre d’élèves, par classe déjà au-dessus des moyennes européennes, ne va pas baisser et même augmentera dans trop d’écoles.

La taille des classes, déterminante pour la réussite des élèves comme le confirment plusieurs études récentes, doit baisser.

La dotation en poste pour notre académique est très insuffisante.

Le compte est loin d’être bon aussi pour notre département de l’Aveyron qui, rentrée après rentrée, voit se dégrader chaque fois davantage les conditions de scolarisation des élèves et les conditions de travail des enseignant-es.

Même si les mesures présentées tentent de respecter l’équité entre les écoles, nous sentons bien toutes les limites de l’exercice. La gestion comptable tourne à vide et la nécessité de fermer des postes ici pour en ouvrir là instaure le mouvement de yo-yo qui, pour quelques élèves en plus ou en moins, fait passer de façon mécanique les écoles à +1 ou -1 poste d’une année sur la suivante ; ce n’est pas en changeant en permanence la structure des écoles que l’on peut assurer sur le long terme des projets visant à améliorer la scolarisation et la réussite de tous les élèves.

Avec la FSU, nous voulons faire vivre l’école publique, celle de la réussite de tous donnant à ses personnels les moyens de travailler dans de bonnes conditions. Le « tous capables » que nous défendons n’est pas un slogan. Il nécessite un réel engagement budgétaire pour : l’allègement du nombre d’élèves par classe, les remplacements, les RASED, l’éducation prioritaire, les décharges de direction, la formation initiale et continue, la scolarisation des moins de 3 ans, etc…

Le projet que nous portons implique des moyens, une transformation du métier passant par un vrai « plus de maîtres que de classes » permettant la réduction à 18h du temps devant élèves, tout en maintenant le temps d’enseignement des élèves avec un aménagement horaire bien construit et financé de façon pérenne au sein du service public.

Il nous faut revenir pour conclure sur la réforme du collège envisagée par le ministère. Dans le projet proposé, on constate encore une fois que les vrais problèmes ne sont pas traités et que la nouvelle organisation envisagée fait le choix d’une forme de déstructuration : en effet, ce projet s’appuie sur l’augmentation dangereuse de l’autonomie des établissements, une conception problématique de l’interdisciplinarité et de l’accompagnement personnalisé, un sort calamiteux réservé aux langues vivantes, régionales et anciennes, la globalisation des horaires d’enseignements artistiques, ainsi que ceux technologiques et scientifiques.

Oui, le collège connaît des difficultés ; oui, il a besoin d’être réformé. Mais la nécessaire réforme du collège, pour être efficace, suppose la réduction des effectifs des classes, une diversification des situations pédagogiques, des programmes plus cohérents, un système éducatif moins concurrentiel à l’aide d’une carte scolaire revisitée.

L’enseignement à géométrie variable, l’interdisciplinarité mal cadrée, la mise à mal des disciplines ne profite jamais au plus en difficulté… Non, l’enseignement disciplinaire n’est pas un carcan, mais un moteur de la réussite de tous les élèves du collège à l’université.

Pour la FSU, il faut sortir de la vision caricaturale donnée du collège : le collège n’est pas un lieu d’ennui et d’échec que l’on prétend. Et si l’on lui en donne les moyens, il sera bien certainement

Source: fsu12