En ce CDEN consacré, notamment, au bilan de rentrée, la FSU souhaitait simplement insister sur des analyses qui ont déjà fait l’objet d’interventions diverses, à l’occasion de CTSD, CAPD, ou de précédents CDEN, et qui restent pour nous d’actualité.

Nous devons en effet faire de nouveau aujourd’hui le constat d’un décalage dans l’évolution des effectifs du public et du privé dans le premier degré, et cela doit nous alerter. Quand l’évolution est sensiblement du même niveau dans le second degré (0,8% contre 0,7%), elle est caractérisée par des discordances plus remarquables pour le premier degré avec : -1,7% en préélémentaire et -1,3% en élémentaire dans le public ; mais seulement – 0,7 % en préélémentaire et même + 0,92 % en élémentaire pour le privé. Après 15 ans de baisse des effectifs dans le privé (comme en a témoigné le directeur diocésain dans la presse locale), on peut trouver que ce décalage n’est pas sans lien avec le seul élément de contexte qui a changé, à savoir la réforme des rythmes scolaires.

C’est aussi par ce prisme du rapport public privé que l’on peut revenir sur la réforme du collègeà laquelle depuis plus de 8 mois la grande majorité des collègues manifeste son opposition. En effet, la réforme, pourtant présentée d’emblée au nom de l’égalité, donnera en pratique l’opportunité à l’enseignement privé d’offrir les options et dispositifs supprimés dans le public : au niveau national, il a d’ores et déjà été annoncé que les établissements privé essaieraient de proposer le maintien des classes bi-langues, du latin, du grec, des sections européennes, voire de maintenir des dispositifs supprimés (on pense par exemple à l’accompagnement éducatif).

Pour nous, la réforme du collège, telle qu’elle a été pensée, ne répond pas aux véritables besoins du collège et ne fera qu’engendrer davantage d’inégalités entre les élèves, aggraver les conditions de travail des personnels, mettre en concurrence, à différents niveaux, personnels, disciplines et établissements.

La nécessaire réforme du collège, pour être efficace, suppose la réduction des effectifs des classes, une diversification des situations pédagogiques dont une des conditions est la réduction des effectifs et la possibilité de travailler en groupes à effectifs limités, des programmes plus cohérents, un système éducatif moins concurrentiel à l’aide d’une carte scolaire revisitée.

Dans son rapport intitulé « Grande pauvreté et réussite scolaire », Jean-Paul Delahaye a formulé un certain nombre de préconisations qui résonnent en cohérence avec certaines de ces attentes :

- sur la question de la scolarisation précoce : il est rappelé que « L’extension de la scolarisation précoce en maternelle dans les zones urbaines et rurales en grande difficulté » est « nécessaire » et que « l’école maternelle est ce qui permet une première expérience scolaire réussie et un accrochage culturel et cognitif juste » .

- sur la question des effectifs : « la question des effectifs d’élèves scolarisés dans les classes des écoles et des établissements qui connaissent des difficultés particulièrement importantes ne peut être éludée. La mission a pu observer combien était essentiel pour la réussite de tous un effectif par classe adapté aux difficultés rencontrées ».

- sur la mixité scolaire : « Travailler à une plus grande mixité sociale et scolaire est d’autant plus important que le fait de constituer des établissements et des classes où se rencontrent des jeunes de milieux socio- économiques différents a un effet bénéfique sur la réussite scolaire des jeunes d’origine populaire » ; « les élèves issus de la catégorie défavorisée réussissent mieux lorsqu’ils sont scolarisés dans les établissements dont la mixité est la plus forte. Les élèves issus de PCS favorisées sont moins sensibles à leur environnement scolaire » .

L’Aveyron apparaît souvent, comme on l’a rappelé, comme un « bon élève » par ses résultats généraux : c’est parce que la FSU est attachée à la réussite de tous les élèves qu’elle continuera à dénoncer les choix, les mécanismes, et les réformes qui, de son point de vue, contribueraient à installer des conditions qui éloignent de cette réussite pour tous.

Source: fsu12