L’ordre du jour de ce CDEN étant principalement consacré à la préparation de rentrée dans le second degré, préparation qui a déjà fait l’objet d’un travail préalable en CTSD, nous n’allons pas rentrer dans tous les détails techniques mais simplement mettre en avant ce qui pour nous renvoie à la question de la politique éducative.
Ainsi, si en apparence les documents présentés au CDEN peuvent sembler montrer une situation locale que l’on peut considérer au global comme pas trop défavorable, nous tenons à alerter sur l’effet de trompe l’œil : oui, il y a des effectifs acceptables et raisonnables ; non, ils ne sont pas le fruit d’une politique volontariste de baisse des effectifs, mais bien de simples effets de seuils liés à la structure de nos établissements aveyronnais.
Il suffit d’ailleurs de prendre l’exemple d’un collège comme celui de Millau dont la taille conduit structurellement à minimiser ces effets de seuil : la moyenne prévisionnelle y est de près de 28 élèves / classe. Dans la présentation des conditions de rentrées pour 2016, on pourra donc trouver donc des exemples d’effectifs limités, mais aussi montrer que, pour cette rentrée 2016, 28 % des établissements seront a priori concernés par des effectifs supérieurs à 27 en moyenne en 6ème , un niveau dont on réaffirme régulièrement l’importance dans le cadre d’une transition où l’accompagnement est particulièrement nécessaire…
Il suffit de regarder ailleurs que dans l’Aveyron pour voir la dégradation. Deux chiffres significatifs pour l’académie :
en collège : en 2014, 83,6 % des classes avaient plus de 24 élèves ; en 2015, 84,2 % ;
en lycée, dans l’académie : 2014 : 63,9 % de l’ensemble des classes avait des effectifs supérieurs ou égal à 31, en 2015, ce sont 65,1 % des classes qui sont dans cette tranche ; et pour ce qui est des secondes, en 2014 82,1 % des classes contre 83,9 % des classes de secondes en 2015 (.
Ce sont en fait les seuils retenus, par les critères adoptés pour répartir la dotation horaire départementale, critères hérités du rectorat, qu’il faut remettre de notre point de vue en cause.
Ces seuils – 30 élèves par division en collège et de 35 en lycée – ne sont pas compatibles pour nous avec la sérénité du travail en classe : il faut ne pas connaître la réalité quotidienne de l’enseignement pour ne pas voir que la gestion de classe prend trop souvent le pas sur la pédagogie dans de telles conditions d’enseignement. Ces effectifs ne sont pas aujourd’hui compatibles avec la mise en œuvre constante d’une pédagogie variée basée sur le travail en groupe, le travail individualisé, le travail sur projet, l’utilisation des TICE, les pratiques de l’oral, etc…
La question prioritaire, du point de vue des enseignants, est donc l’amélioration globale des conditions de travail et c’est en ce sens que le SNES-FSU a interpellé dans une adresse solennelle le président de la République.
Car, depuis maintenant près d’un an, la réforme du collège voulue le gouvernement cristallise les mécontentements et la colère des personnels. Grèves, manifestations, pétitions, interpellations, sont autant de preuves d’un fossé qui se creuse entre les prescripteurs et ceux qui mettent œuvre au quotidien sur le terrain éducatif.
La réforme du collège ne répondra pas aux problèmes du collège.
Les personnels sont pourtant demandeurs d’une réforme, conscients qu’ils sont que l’organisation actuelle de la scolarité en collège ne permet pas d’assurer la réussite de tous les élèves. La nécessité d’augmenter l’investissement consacré aux collèges, que Madame la Ministre dit partager, ne se traduit pas suffisamment dans les faits. Au-delà de cette question des moyens, il s’agit aussi de produire des programmes cohérents, de concevoir une offre de formation des personnels leur permettant de diversifier les modalités d’apprentissages… Mais plus on avance, plus les effets néfastes sur l’organisation des enseignements suscitent colère et désarroi des équipes éducatives… et de plus en plus l’évidence que le projet de réforme du collège ira en pratique à l’encontre des objectifs qu’il se propose d’atteindre s’impose.
Cette évidence se nourrit d’ailleurs de l’analyse de la réforme des lycées qui, par l’autonomie, a déstructuré, et n’a tenu aucunement ses objectifs de rééquilibrage entre filières, ni de remédiation des situations de difficultés scolaires.
Dans ce contexte, les enseignants vivent très mal les collègues vivent très mal une revalorisation du point d’indice qui n’est pas la hauteur, et qui ne répond en rien au retard pris d’une part, ni, d’autre part, à la nécessité de redonner de l’attractivité à un métier qui mérite une autre reconnaissance salariale…
Source: fsu12