Une plainte inédite pour un désastre sanitaire d’ampleur. Ce mercredi 19 novembre 2025, plusieurs organisations syndicales et associations des Bouches du Rhône, défendues par le cabinet d’avocat·es TTLA, déposent plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui.
1. Une plainte inédite et d’ampleur
Le 19 novembre 2025, plusieurs syndicats et associations des Bouches-du-Rhône déposent une plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui et manquement à la réglementation concernant la présence d’amiante dans les établissements scolaires.
Elle s’appuie sur 11 établissements (8 écoles, 2 collèges, 1 lycée) représentatifs d’un problème national : 85 % des écoles ont été construites avant 1997, année de l’interdiction de l’amiante.
Plus de 40 usagers (personnels, parents) se constituent partie civile.
2. Pourquoi cette plainte ?
Malgré l’interdiction depuis près de trente ans, l’amiante reste un désastre sanitaire majeur :
– 50 000 à 75 000 décès par cancer du poumon d’ici 2050
– 18 000 à 25 000 décès par mésothéliome
Et ceci sans compter d’autres pathologies liées à l’amiante.
Dans les Bouches-du-Rhône, des personnels sont déjà décédés et plusieurs maladies professionnelles ont été reconnues.
3. Les défaillances constatées
La plainte documente des manquements graves :
– Dossiers techniques amiante (DTA) absents, incomplets ou obsolètes
– Absence de suivi de l’état des matériaux amiantés (MPCA)
– Travaux réalisés sans protections ni repérage préalable (RAT)
– Personnels non formés
– Absence ou rétention d’information auprès des usagers
– Incohérences dans les diagnostics
Ces négligences exposent agents, élèves et parents à un risque « d’une extrême gravité ».
4. Une problématique structurelle dans l’Éducation nationale
Le dossier met en lumière un déni institutionnel persistant :
– Un manque historique de prévention, d’information et de formation
– Des DTA non réalisés ou jamais mis à jour
– Une médecine de prévention quasi inexistante (3,5 médecins pour 55 000 agents dans l’académie d’Aix-Marseille)
– Des interventions fréquentes sur des matériaux amiantés sans précaution
– Des centaines d’écoles potentiellement amiantées dont la cartographie reste inconnue
5. Historique de la mobilisation
Depuis 2019, plusieurs mobilisations se succèdent (Saint-Jérôme Les Lilas, Marie Curie, Jacques-Prévert, Alexandre Dumas, Malpassé les Oliviers, Eugène Cas, Fonscolombe, Clair Soleil, Marignane, Cuges-les-Pins…).
Elles révèlent l’ampleur du problème :
– Droits de retrait répétés
– Refus ou minimisation des risques par certaines collectivités
– Pression syndicale et associative ayant permis des travaux, reconnaissances d’exposition et une médiatisation accrue (Vert de Rage – France 5)
6. Objectifs et revendications
A. Faire appliquer la réglementation existante
– Réalisation et mise à jour immédiate des DTA– RAT obligatoires avant tout travaux– Interventions réalisées uniquement par des professionnels habilités– Signalétique obligatoire– Sanctions en cas de non-respectB. Faire évoluer la réglementation
– Accessibilité complète des DTA au public– Surveillance obligatoire tous les 3 ans– Abaissement du seuil d’empoussièrement– Reconnaissance des prélèvements surfaciques– Droit automatique à la visite médicaleC. Revendications plus larges
– Contrôle strict des DUERP par la DSDEN– Plan de formation obligatoire– Accès aux outils de gestion des risques (GARDES)À l’échelle nationale :– Renforcement de la médecine de prévention– Plan national de désamiantage– Fonds national de financement du diagnostic et du désamiantage
7. Les organisations plaignantes
– 7 syndicats : CGT Educ’action 13, CGT Territoriaux 13, FSU-SNUipp 13, FSU Territoriale 13, SNUDI-FO 13, SUD Éducation 13, UD CGT 13
– FCPE 13
– AVALE 13, ANDEVA, ADEVIMAP
– +40 parties civiles
AVEYRON